Lorsque vous vous branchez et basculez dans le monde numérique, vous plongez dans un environnement hallucinatoire consensuel. Tout y est rendu avec un niveau de détails incroyable et ce, grâce à un siècle d’innovations graphiques numériques. Cela semble parfois même réel, mais que ce soit par l’aspect volontairement artificiel de ses éléments ou l’impossibilité de reproduire avec exactitude les complexités et nuances du monde réel, la Matrice apparaît généralement bel et bien comme un monde généré informatiquement.
Les lois de la physique ne s’appliquent pas dans la Matrice (à moins qu’un admin crétin les ait volontairement programmées dans un serveur, mais ces restrictions peuvent toujours être écrasées si vous êtes un tant soit peu compé- tent). Vous voulez voler ? Il vous suffit de le décider. Prenez votre envol et admirez les vastes et splendides paysages artificiels prendre forme autour de vous.
Au-dessous de vous s’étendent dans toutes les directions des icônes en trois dimensions représentant les appareils du monde réel et illuminant votre champ de vision comme une galaxie d’étoiles dans un ciel nocturne sans nuage. Les appareils qui apparaissent les plus proches de vous sont ceux situés dans l’entourage immédiat de votre corps physique. Votre propre icône, représentation virtuelle de vous-même, est généralement la plus lumineuse et la plus nette de toutes les icônes. Les points de lumière au loin à l’horizon, c’est-à- dire les appareils les plus distants de votre position dans le monde réel, scintillent et pulsent de façon diffuse, à cause du décalage des données émises d’un bout à l’autre du globe.
Au-dessus de vous, d’énormes serveurs, bases de données gigantesques protégés par des spiders et CI, flottent tels des dieux corporatistes, occupés à scruter la moindre activité ici-bas, et faire en sorte de ne se laisser surprendre par quoi que ce soit. Leurs aspects géométriques singuliers forment comme un monde virtuel à part, déconnecté des continents qui s’étalent au-dessous de lui, surpeuplés d’icônes utilitaires dépendantes du monde réel. Les plus grands serveurs, aussi imposants et denses que des villes entières, appartiennent aux dix plus grandes mégacorporations et sont dangereux pour qui souhaite y accéder sans en avoir reçu l’autorisation. D’autres serveurs plus petits se regroupent en amas, tels des synapses célestes, autour de thèmes communs tels que l’accès à des réseaux sociaux, la description de produits de grande consommation ou encore la promotion de plaisirs moins avouables.
Au milieu de tout cela se trouvent les représentations de personnes, de protocoles, de programmes, de données qui s’échangent en un éclair d’icônes à icônes et de serveurs à serveurs, laissant dans leur sillage des faisceaux de lumière s’estompant peu à peu dans le bourdonnement sourd de l’information. La Matrice bouge à la vitesse de la lumière et de la pensée.
Voilà ce que vous pouvez voir depuis la réalité virtuelle. Il y a d’autres façons d’appréhender la Matrice, mais la RV est l’unique moyen de la percevoir telle qu’elle est vraiment. Et c’est aussi l’unique moyen vous permettant de voler.
Tout dans la Matrice est constitué d’icônes, c’est-à-dire les représentations virtuelles d’éléments connectés permettant à un utilisateur d’interagir avec eux. Tout propriétaire d’un objet matriciel peut choisir, dans certaines limites, à quoi ressemblera l’icône de l’appareil en question. Une icône ne représente pas seulement un objet matriciel de façon abstraite, elle indique également la nature de cet objet et la façon d’y accéder. La Matrice est programmée pour contextualiser les données afin de faciliter le travail ou le divertissement de l’utilisateur : si un outil est difficile à utiliser, c’est que ce n’est pas vraiment un outil, après tout. Il existe des programmeurs qui camouflent volontairement la nature d’une icône à l’aide de designs trompeurs, mais la plupart des gens aiment savoir comment utiliser ce sur quoi ils tombent. De nombreuses zones de la Matrice requièrent que les icônes respectent certaines règles liées à leur apparence.
Par exemple, disons que vous êtes dans le serveur du Dante’s Inferno. L’Inferno est un célèbre nightclub huppé et chic existant dans le monde réel (plus exactement sur la 5th et Madison Avenue, à Seattle Dowtown), mais il a également un nœud matriciel, lui ressemblant à l’identique, afin que les clients puissent s’y rendre de n’importe quel endroit de la planète et à tout moment. Vous arrivez donc sur le serveur du club, payez votre entrée en virant quelques nuyens de votre compte vers celui de l’Inferno et, en un clin d’œil, vous êtes propulsé à votre place favorite dans le club. Imaginons que, cette fois-ci, vous décidez d’aller admirer l’iconographie du cinquième niveau, celui de la colère, afin de profiter de la vue d’icônes d’âmes défuntes se contorsionnant au rythme de la musique dans des eaux marécageuses. L’envie vous prend de déguster quelques plats virtuels, et vous chargez le menu. C’est un fichier, et le menu du Dante’s apparaît comme un parchemin enflammé aux inscriptions élaborées. Les programmeurs et l’Inferno savent que c’est quelque chose que vous aimerez lire (et ils veulent que vous le lisiez), ils font donc en sorte que l’icône ressemble à quelque chose qui vous donne envie de le lire. Dans ce cas précis, un parchemin. Les flammes sont lumineuses et chaudes au toucher, mais sont bel et bien virtuelles. Si vous vous trouviez dans un autre serveur, disons celui du Club Penumbra, un nightclub sur le thème de l’espace, le menu ne serait pas apparu sous la forme d’un parchemin enflammé mais aurait pris une autre forme, qui vous donne quoi qu’il en soit envie de le lire, comme celle du journal de bord d’un astronaute, par exemple.
L’ensemble de la Matrice fonctionne de cette façon. Toute icône y est modélisée et personnalisée par son propriétaire et est généralement conçue pour en favoriser l’utilisation intuitive. Outre les protocoles imposés, l’autre critère déterminant l’apparence d’une icône est la programmation logicielle de son propriétaire. Certains hackers ne veulent pas que d’autres programmeurs leur dictent ce à quoi leurs icônes doivent ressembler. Ils utilisent donc des logiciels pour imposer leurs propres visuels d’icônes. Cette lutte pour la liberté d’apparaître comme il le souhaite n’est qu’une des nombreuses batailles qu’un hacker aura à livrer dans la Matrice. La plupart des utilisateurs ne se fatiguent cependant pas à se battre au sujet de l’iconographie, et laissent les designers matriciels gagner la partie.
Les protocoles matriciels limitent les tailles relatives de toute chose, afin de donner aux utilisateurs une expérience standard qu’ils peuvent partager. Si votre icône est une version robotique du gratte-ciel de la Wuxing, ce qui peut en jeter, mais que vous parlez à quelqu’un dont l’icône est celle d’un scarabée, alors la communication risque de ne pas être facile. Pour pallier ce problème, la taille des personas (autrement dit les individus dans la Matrice) est limitée dans des proportions similaires, allant de celles d’un nain à celles d’un troll. Ainsi dans l’exemple précédent, nous aurions un gratte-ciel ridiculement petit parlant à un insecte aux proportions effrayantes, afin que vous et votre interlocuteur ayez approximativement la même taille. Les fichiers et les appareils sont plus petits que les personas (vous ne verrez donc jamais personne lisant un livre de la taille d’un grand dragon par exemple), et les serveurs sont plus grands (plus grands encore dans le cas de sites d’importance majeure, comme ceux des serveurs corporatistes des méga).
Nous avons maintenant une idée de la taille des éléments de la Matrice, mais à quoi ressemblent-ils ? La réponse est un petit peu plus complexe que vous ne l’imaginez. L’apparence de la Matrice dépend de la grille sur laquelle vous vous trouvez, des programmes que vous exécutez, ainsi que d’une série d’autres facteurs. Par chance, il y a une « version de base » qui constitue le socle commun de l’expérience matricielle de tout-un-chacun.
Dans cette version de base, la Matrice apparaît comme une surface plane noire sous un ciel noir. Cette plaine virtuelle est éclairée par la lueur de l’icône de votre commlink (ou deck) et celle des autres autour de vous, à raison d’une icône par appareil ou persona connectés. La plaine est une projection de notre monde, en version aplatie, si bien que plus vous regardez au loin, plus les icônes semblent éloignées les unes des autres.
Il y a des milliards d’icônes non recensées dans la Matrice. De même que chaque être vivant a une aura dans l’espace astral, chaque appareil a une icône matricielle. Cette prolifération d’icônes pourrait noyer rapidement l’utilisateur si certaines routines et technologies de support ne contrôlaient pas tout ça.
Le premier de ces garde-fous est votre commlink, qui filtre automatiquement les icônes les plus insignifiantes. Vous voulez vraiment connaître la localisation virtuelle de tous les baladeurs de la planète ? Bien, moi non plus. La Matrice ne vous montrera donc généralement qu’une seule icône pour leréseau personnel d’un individu (ou PAN), et non chacun des appareils qui le composent (bien qu’il puisse y avoir quelques exceptions pour des appareils intéressants ou dangereux inclus dans le réseau, comme un pistolet par exemple). De plus, plus l’appareil sera éloigné de votre position dans le monde réel, plus son icône sera trouble dans la Matrice. Ceci est dû en partie au fait que votre commlink considère les objets plus distants comme n’étant pas d’un grand intérêt pour vous, mais surtout au fait que la connexion ralentisse avec la distance. La Matrice affiche tout appareil ou persona éloignés sous la forme d’icônes floues, muettes ou instables. Cette réduction du bruit visuel explique le fait que certaines icônes soient dé- libérément hors de vue, comme les serrures et autres appareils de sécurité, caméras cachées, senseurs de maintenance, et bien sûr les gens qui préfèrent ne pas être vus.
Pour comprendre les usages de la réalité virtuelle et la façon dont les gens compensent le monde physique par le monde numérique, penchons-nous sur quelques habitudes communes dans la Matrice. Imaginons que vous conduisez votre voiture et que vous rentrez chez vous du travail, de l’école ou de tout autre endroit d’où vous rentrez habituellement le soir. Vous laissez l’autopilote du véhicule gérer la conduite et basculez en RV afin de commencer à préparer le dîner. Une fois la RV activée, votre voiture, la route, et tout ce qui se trouve autour s’efface de votre champ de vision et sont remplacés par la Matrice et son horizon constellé d’icônes. Vous vous concentrez sur le nœud de votre habitation, et boum, vous y filez tout droit, telle une comète. Alors que vous vous approchez de votre destination, vous voyez tous les appareils qui composent votre réseau domestique, et vous cherchez celui qui représente votre frigidaire. Son icône ressemble à un petit frigo, avec la liste des aliments (mise à jour automatiquement par l’appareil en fonction de ce qui s’y trouve réellement). Vous voyez « pizza surgelée » dans la liste et vous vous décidez donc pour une pizza surgelée. Vous atteignez alors le panneau de commande de votre cuisinière (qui a l’apparence de quelques thermostats électroniques luisant d’une lumière chaude et réconfortante) et allumez votre four en mode préchauffage à 230°. Vu qu’il fait plutôt frisquet dehors, vous ordonnez à votre distributeur de boissons (à qui vous avez donné l’apparence d’une pompe à bière en RV) de commencer à réchauffer la préparation instantanée à base de soja, et comme vous vous sentez d’humeur royale ce soir, vous appuyez sur la commande « arôme chocolat ». Toujours en RV, vous retournez en un éclair dans votre voiture, qui vous annonce d’une voix enjouée qu’il ne vous reste que dix minutes de trajet, juste ce qu’il vous faut pour visiter le serveur de votre réseau social favori.
En parlant de serveurs, les gros serveurs sont les endroits les plus intéressants de tout le paysage matriciel, et sont ceux-là mêmes qui flottent au-dessus de vous lorsque vous vous connectez. Peu importe où vous allez dans la Matrice, ils sont toujours là-haut. Une des choses essentielles à comprendre à propos des serveurs est que, contrairement aux appareils de votre maison, ils ne sont pas obligatoirement les représentations d’un appareil spécifique ou d’un lieu pré- cis du monde réel. Faisant partie intégrante de la Matrice, et n’étant pas de simples appareils isolés, vous pouvez accéder à ces serveurs de n’importe où, sans vous soucier de la distance qui vous en sépare.
L’autre point important à savoir est que l’intérieur d’un serveur est totalement différent de son aspect extérieur. Et cela, pour la simple et bonne raison qu’il est généralement plus imposant de l’intérieur que de l’extérieur. Il dispose également de son propre environnement virtuel, clairement délimité, indiquant où commence et où finit la frontière entre lui et la Matrice, et ce à toutes fins utiles.
Mais revenons au réseau social que vous décidez de consulter sur la route du retour. Celui sur lequel vous allez n’a pas d’exigences particulières en termes d’accès, vous n’aurez donc pas à vous soumettre à l’équivalent virtuel d’un sas d’entrée. Vous n’avez qu’à zoomer sur le serveur, voler jusqu’à lui, et vous voilà prêt à y pénétrer. À l’intérieur, ce même serveur ressemble à une chic soirée cocktail permanente et est doté d’une sculpture matricielle que n’importe quel patron de bar V.I.P. dans le monde réel tuerait pour avoir. Avant de faire votre entrée dans la soirée, vous vous arrêtez dans une cabine d’essayage privée où vous pouvez changer l’apparence de votre icône et la rendre plus adé- quate à l’ambiance du lieu. Vous pouvez peut-être choisir un élégant costume noir, ou une petite robe noire, et y ajouter ensuite une cravate ou un foulard de couleur pour trancher. Finalisez votre tenue et votre coiffure virtuelle, et vous êtes enfin prêt à vous joindre aux convives.
Ou vous préférez peut-être un bar sportif à l’ambiance « easy ». Les visiteurs de ce serveur y trouvent des banquettes et tables privatives qui changent de taille en fonction du nombre de personnes, de sorte que le lieu soit toujours plein et animé. Si les jeux sont plus votre dada, rejoignez vos amis pour des jeux de société, puzzles ou tout autre jeu d’aventures épiques. Vous pourriez tout aussi bien fréquenter un club d’amateurs de chats. Ou un cinéma virtuel. Ou un vaisseau de simulation anti-grav. Le contenu d’un serveur n’a de limites que les goûts et l’imagination de son ou ses propriétaires.
Vous connaissez maintenant les grandes lignes de la Matrice. Penchons-nous désormais sur ce que vous y rencontrerez, et qui.
Toute icône dans la Matrice appartient à l’une de ces six caté- gories : un persona, un appareil, un PAN, un fichier, un serveur ou une mark. Occasionnellement, vous pouvez également apercevoir un flux de données, un transfert d’informations ressemblant à un fin faisceau de lumière multicolore scintillante. Les flux de données sont généralement filtrés et rendus invisibles car si tel n’était pas le cas, votre champ de vision matricielle en serait saturé. Si vous le voulez, vous pouvez toujours reconfigurer le filtre par défaut, mais les flux passent à une telle vitesse que vous ne pourrez en déterminer ni la source, ni la cible sans espionner ce qui en est à l’origine et ce vers quoi ils sont envoyés, ce qui serait illégal (et nous ne devrions jamais faire quoi que ce soit d’illégal dans la Matrice, n’est-ce pas ?).
Un persona est plus ou moins ce que son nom indique : une personne dans la Matrice. Un persona est la combinaison d’un utilisateur et d’un appareil grâce auquel ce même utilisateur accède à la Matrice. Le fait que l’appareil soit contrôlé par une personne physique a pour effet la substitution de l’icône standard de l’appareil par un persona. Un persona est généralement inséré sur un commlink, cyberdeck, véhicule ou drone interfacé, bien que l’on puisse également considé- rer les technomanciens comme une sorte de personas liés à aucun appareil.
Les icônes de personas ressemblent généralement aux utilisateurs qu’elles représentent (de façon relative, bien sûr, qui peut résister à l’envie d’ajouter un téton par-ci, des crocs par-là, un lifting facial et peut-être aussi une bonne coupe de cheveux ?), avec parfois quelques touches stylistiques comme des yeux luminescents, une chevelure colorée ou une aura discrète et chic. Vous rencontrerez des looks franchement déjantés dans la Matrice, mais les shadowrunners font souvent en sorte de les éviter soigneusement, pour la bonne raison qu’ils attirent trop l’attention et qu’ils peuvent être considérés comme peu professionnels. D’un autre côté, parfois, attirer l’attention est exactement le but de la manœuvre, donc la règle est d’adapter son look en fonction de ce que vous voulez tirer du contexte dans lequel vous vous trouvez.
Les icônes de personas proposent une grande variété de choix. N’importe quelle créature ou objet animé feront totalement l’affaire : animaux, statues qui marchent, griffons (populaires auprès des adolescents ces temps-ci, allez savoir pourquoi), robots à vapeur, zombies, extra-terrestres, ou tout ce qui peut marcher et parler. Les protocoles de la Matrice vous empêcheront de fabriquer votre persona si sa nature n’est pas identifiable au premier coup d’œil. Vous ne pourrez donc pas vous choisir une icône en forme de nuage de poussière, de colonne grecque ou de simple cube, par exemple. Ces mêmes protocoles bloqueront aussi toute tentative pour créer une icône plus petite qu’un nain adulte ou plus grande qu’un troll adulte.
Dans la Matrice, les icônes d’appareils représentent les dispositifs électroniques du monde réel, allant du baladeur à votre commlink en passant par votre voiture et tout le reste. Par défaut, l’icône d’un appareil ressemble à l’objet qu’elle représente, en miniature si celui-ci est plus grand qu’une personne. Elle dispose de quelques éléments en permettant le contrôle, souvent identiques à ceux dont l’appareil dispose dans le monde physique, mais pas nécessairement. Le véhicule anti-émeute Ares Mobmaster, par exemple, est connu pour son icône non-conventionnelle de char romain doté de rênes pour la conduite.
Les protocoles matriciels de base requièrent des icônes d’appareil qu’elles fournissent quelques indices sur leur fonction réelle. L’icône d’une arme à feu doit donc ressembler à une arme (même si de façon éloignée, comme dans le cas du pistolet Super Warhawk, dont l’icône est un tomahawk), l’icône d’un véhicule doit ressembler à un véhicule, celle d’une serrure à une serrure, un réfrigérateur à un réfrigérateur, etc. Les restrictions sur les appareils ne sont pas aussi strictes que sur les personas, tant que la forme suggère la fonction au premier coup d’œil.
La plupart des individus ont de multiples dispositifs électroniques sur eux au même moment, et faire apparaître l’icône de chacun d’eux encombrerait trop l’aspect visuel de la Matrice. Au lieu de cela, ce qui s’affiche souvent est une unique icône du réseau personnel (PAN) d’un individu. Cette icône ressemble souvent à l’appareil physique servant de maître pour l’ensemble du réseau, tel qu’un commlink, mais les individus choisissent parfois une apparence ou un logo qui signifie quelque chose pour eux (comme les blasons d’équipes sportives, des couvertures d’album des Concrete Dreams, ou des logos corporatistes). Quelques appareils ne sont pas inclus dans l’icône unique du PAN. Si un individu porte un pistolet avec la fonction sans fil activée, par exemple, (ou tout autre appareil sans fil potentiellement mortel), il apparaîtra désolidarisé du PAN afin de pouvoir être identifié rapidement. Sauf si, bien sûr, l’utilisateur a fait l’effort de cacher cette icône, mais ce cas sera détaillé plus avant.
Un fichier est un ensemble de données. Il peut s’agir d’un film, d’une chanson, d’un livre, de bilans financiers, d’une image, d’un article, et ainsi de suite. Il peut même regrouper une série d’autres fichiers (on parlera alors de « dossier »). Les icônes des fichiers sont plus petites que les icônes des personas, généralement assez réduites pour tenir dans la paume d’une main virtuelle. Toutes les icônes de fichiers ont un aspect par défaut dans la Matrice, à savoir un cube lumineux ou tout autre polyèdre pouvant être ouvert pour en révéler le contenu, bien qu’en réalité très peu d’utilisateurs se contentent d’icônes de fichiers aussi banales et ennuyeuses. Un texte pourra donc être représenté par une icône en forme de livre, de parchemin, de lecteur de données palmaire, ou encore de tables gravées. Des fichiers musicaux pourront prendre la forme d’enceintes, de partitions musicales ou d’instruments, et de la même façon, une vidéo pourra ressembler à un vidéoprojecteur, une installation tridéo, ou un vieil écran de cinéma. Encore une fois, la forme suggérant la fonction reste la règle dans la Matrice.
Les serveurs sont des lieux virtuels accessibles sur la Matrice. Ils n’ont aucune présence physique, et ne sont constitués que des éléments de la Matrice elle-même. De l’extérieur, les serveurs sont aussi grands que des immeubles plantés dans le paysage électronique, les plus imposants atteignant la taille de l’île de Manhattan (une limite imposée par le DIEU de la Cour Corporatiste afin de prévenir la domination complète du ciel virtuel par les méga-serveurs). La taille d’un serveur et son altitude virtuelle sont proportionnelles à son importance et son influence dans le monde actuel. Votre Stuffer Shack de quartier aura une icône approchant la taille de l’immeuble dans lequel il se trouve, et sera situé à même le « sol » de la Matrice, comme la plupart des appareils, d’ailleurs. Le serveur de la Fondation Atlante, au contraire, flotte à environ un kilomètre virtuel du sol scintillant et pulsant de données, et atteint approximativement la taille de la plus grande tour actuellement construite dans le monde réel. Plus grand encore est celui du Shiawase Mainframe, qui est une sphère de presque vingt kilomètres de diamètre tournant lentement sur elle-même et maintenue en apesanteur à une centaine de kilomètres au-dessus du sol.
Même les icônes de serveurs ressemblent à ce que souhaitent leurs propriétaires. Un coup d’œil au ciel nocturne de la Matrice vous permettra de distinguer des logos corporatistes, de somptueuses façades d’immeubles, et des constellations de serveurs. Vous pourrez également reconnaître celle de l’ACHE de Seattle et sa forme de ziggourat, le logo de l’Humanis avec la Vierge et son enfant, ou encore (si vous y avez accès) les trois sphères de Jackpoint tournant en orbite.
De l’intérieur, un serveur est complètement différent. Un serveur peut être (et est généralement) plus grand à l’inté- rieur qu’à l’extérieur. La sculpture interne d’un serveur est autorégulée, et tandis que les icônes des visiteurs doivent se conformer aux restrictions générales de la Matrice, le serveur, lui, n’y est pas obligé. Le serveur peut être un labyrinthe, un espace ouvert, avoir une gravité anormale ou pas de gravité du tout, il peut être chaud, froid, bruyant, silencieux, ou toute autre combinaison intermédiaire. La plupart des serveurs collent à la réalité afin de faciliter l’utilisation de ses propriétaires, mais certains réservent des sculptures plus originales voire totalement étranges.
Une clé d’authentification et de reconnaissance matricielle (matrix authentication recognition key), ou plus simplement « mark » (si briller dans les soirées mondaines en faisant étalage de votre jargon technique n’est pas votre truc), est la fa- çon dont la Matrice arrive à se souvenir de chaque appareil, fichier, serveur ou autre persona auxquels chaque persona a accès. Les marks ressemblent, eh bien, à des marques, c’est-à-dire, des blasons ou des tatouages personnalisés sur n’importe quelle icône où vous les placez. Vos marks peuvent prendre n’importe quelle forme qui vous convient, tant qu’il s’agit de petites choses, qu’elles peuvent s’insérer dans d’autres icônes, et qu’elles partagent une thématique similaire à la vôtre ou à celle de votre icône.
Par exemple, imaginons que vous utilisez l’icône d’une pieuvre vert fluo. Vos marks pourront avoir l’apparence de ventouses vert fluo. Si votre icône est celle d’un cowboy, elles pourront apparaître comme des empreintes au fer rouge pour bétail, alors que si votre icône est celle d’une star de cinéma vintage, vos marks pourront ressembler à des traces de rouge à lèvre.
Normalement, les marks ne sont visibles que pour la personne qui les a placées. Pour visualiser celles qui sont présentes sur une icône (ou votre propre icône), vous devez analyser cette dernière. Percevoir une mark ne vous dit pas automatiquement qui l’a placée, cependant. En général, vous ne pouvez reconnaître une mark que si vous avez déjà vu le persona qui en est l’auteur, ou si vous êtes familier avec son style de markage.
Les marks sont communément admises et considérées comme normales, de façon quotidienne, dans l’utilisation légale de nombreux services. Elles sont utilisées comme des clés, formulaires d’autorisation, et privilèges de compte sur toutes les icônes du monde virtuel. Par exemple, la bibliothèque publique de Seattle en émet plus de 50 000 par jour pour ses livres RV, ses films, tridéos et tout autre objet composant sa collection. Si une grande proportion de ces marks est légale, les hackers essayent d’en obtenir de façon illégale afin de faciliter leurs propres plans.
Il est important de se rappeler que la Matrice n’existe que pour qu’on s’en serve. Cela signifie que, de façon générale, l’aspect des différents serveurs est conçu de telle façon qu’il puisse être à la portée des utilisateurs et qu’il évite de compliquer la tâche des personnes y travaillant et y menant leurs affaires. C’est un environnement sûr, avec une sécurité organisée autour de son système opérationnel et ses protocoles. Depuis le changement récent des protocoles matriciels, la structure est contrôlée par le DIEU de la Cour Corporatiste, qui agit comme une sorte de force de police matricielle dévouée à la protection des usagers (enfants innocents inclus, bien sûr) contre les prédateurs, pirates et autres fraudeurs connectés.
Ça, c’est la version de la Matrice décrite sur la brochure des corpo. Les véritables motifs derrière la Matrice, en particulier sa structure actuelle, sont le profit et le contrôle. Les mégacorporations et leur DIEU, travaillent sur le « Problème matriciel » depuis des décennies, à la recherche du SaintGraal du design de la Matrice leur permettant de maximiser leurs profits tout en minimisant les risques. Ce qu’ils ont enfin trouvé s’en approche beaucoup. Le système est configuré de sorte que les corpos aient toujours l’avantage, que les hackers soient toujours désavantagés, et que tous les autres soient coincés quelque part entre les deux.
Une des clés du nouveau système est le réseau de grilles superposées, concept que vous devrez comprendre si vous envisagez d’entreprendre un travail sérieux dans la Matrice.
Si vous voulez accéder à la Matrice, vous avez besoin d’une grille. Cette dernière est ce qu’un fournisseur d’accès matriciel utilise pour vous connecter au monde numérique. Quand vous vous connectez à la Matrice, vous êtes sur la grille de votre fournisseur d’accès, globalement de la même façon qu’un client de téléphone portable l’aurait été au dé- but du XXIe siècle vis-à-vis de son opérateur téléphonique.
Des grilles différentes couvrent les clients dans différentes zones. Il existe des grilles globales fournies par chacune des Big Ten, et des grilles locales financées partiellement par les gouvernements locaux. Accéder à ces grilles n’est pas gratuit, et chacune d’entre elles présente une conception différente de la Matrice (bien que l’intérieur d’un serveur ne change pas, peu importe la grille dans laquelle vous vous trouvez, puisque c’est le serveur lui-même qui le gère). Chacune d’elles vous restitue invariablement la « vraie » Matrice, bien sûr, mais les icônes qui appartiennent au propriétaire de votre grille apparaissent légèrement plus grandes et plus brillantes, et toute publicité est tournée de telle façon qu’elle bénéficie toujours au propriétaire de la grille.
Par exemple, lorsque vous vous connectez à la Matrice via la grille locale de Seattle, Emerald City, le ciel matriciel traditionnellement noir est teinté de vert émeraude, et les serveurs intrinsèquement liés à la ville de Seattle apparaissaient de façon un peu plus claire. Les icônes de NeoNET apparaissent également plus grandes lorsque vous utilisez Emerald City, car le principal investisseur / propriétaire de la grille locale est NeoNET. Si vous étiez sur la grille globale de NeoNET, vous verriez plus ou moins la même chose, sans l’emphase mise sur Seattle ni la couleur verte du ciel.
Si vous ne pouvez pas payer pour accéder à une grille, eh bien, vous n’êtes pas tout à fait malchanceux. Les corpos n’auraient jamais pu s’en tirer aussi facilement en étranglant complètement l’accès la Matrice. Aussi existe-t-il une grille publique soutenue par des associations à but non lucratif, des vestiges d’entreprises à l’abandon et d’occasionnels bons samaritains désireux de partager un ou deux points d’accès wifi. La grille publique est lente, de basse résolution, et peu fiable, mais au moins elle est accessible de n’importe où. C’est un peu les Barrens de la Matrice.
Comme vous pouviez vous y attendre, la grille sur laquelle vous vous trouvez renseigne quelque peu sur votre statut social. Vous pouvez trouver des notes telles que « Envoyé depuis la Grille Renraku » placardées à la fin de messages et mises à jour de statuts. Les corpos promeuvent leurs propres grilles de façon pesante, offrant de nouvelles fonctionnalités et de nouvelles versions de commlinks chaque année ou tous les deux ans. Les utilisateurs de la grille publique sont considérés comme des citoyens de seconde zone. Certains serveurs de haut standing vont même jusqu’à afficher ouvertement le message « aucune connexion de grille publique admise » afin de montrer à quel point leur clientèle fait partie de l’élite.
Vous pouvez « sauter » de grilles en grilles, mais la nature des grilles auxquelles vous avez accès dépend d’où vous vous trouvez dans le monde réel. Vous pouvez accéder à la grille publique ou à n’importe quelle grille globale de n’importe quel endroit de la planète. Les grilles locales ne sont accessibles que si vous vous trouvez physiquement dans leurs zones de service. Par exemple, si vous êtes connecté à la Netzwerks Berlin, vous pouvez voir et interagir avec un commlink se trouvant sur l’Emerald City de Seattle, mais ne pouvez pas basculer sur la grille Emerald City elle-même.
Le Département d’Inspection de l’Électronique Ubiquitaire, ou DIEU pour faire plus court, est responsable de la sécurisation de la Matrice contre les hackers et autres intrus inopportuns, en particulier des parties connectant les divers serveurs et les utilisateurs (la sécurité des serveurs repose plus sur les épaules des propriétaires de serveurs).
Chaque grille a son propre sous-département (y compris la grille publique), avec son propre système de financement et ses propres agents. Un sous-département (appelée communément un demi-DIEU) surveille la totalité de la grille, gardant un œil sur tout éventuel utilisateur contrevenant aux règles et toute activité illé- gale. Les grilles ont un système d’alarme intégré, émettant un signal subtil mais révélateur dès que le logiciel automatisé dé- tecte une utilisation illégale ou non-autorisée de la grille. Ce n’est pas grand-chose, mais le DIEU surveille, et si suffisamment de signaux permettant de trouver et d’identifier un hacker sont perçus, il peut remonter la trace de ce dernier jusqu’à sa position géographique réelle et l’éjecter de la Matrice en utilisant les mécanismes intégrés dans chaque grille.
Ceci ne veut pas dire pour autant que les mégacorpos jouent à la cool en se tenant la main et en chantant kumbaya, loin de là. La Matrice est devenue le champ de bataille intercoporatiste le plus dangereux qui n’ait jamais été. C’est juste que les Triple A veulent rester les seuls maîtres de leur chasse gardée. Même si les demi-DIEU sont séparés voire concurrents (à ce propos, le programme de Trid-Réalité Crash of the Titans vient tout juste d’être lancé mais bénéficie déjà d’une énorme popularité), ils demeurent tous une parcelle du DIEU et restent extrêmement coopératifs contre les hackers. Ils partagent leurs informations en temps réel, parfois avant même que les hackers aient le temps de sauter sur une autre grille. Leurs agents spéciaux, appelés les G-men (surnom parfait compte tenu de leurs icônes inspirées des agents du FBI des années 1930), n’exercent techniquement que sur la grille de leur juridiction, mais peuvent requérir et recevoir autorisations, autorité et collaboration de la part du demi-DIEU d’une autre grille en quelques secondes durant une opération. Les G-men enquêtent sur des cas dont les preuves sont insuffisantes pour remonter la piste d’un hacker grâce à une équipe d’officiers normaux. Ils se chargent également des cas dans lesquels un hacker a été éjecté de la grille, en aidant toute force de sécurité ou de police que le propriétaire de la grille souhaite envoyer aux trousses du hacker dans le monde réel.
Jusqu’à présent, l’essentiel la discussion sur la Matrice et l’ensemble de ses icônes s’est concentré sur ce à quoi les choses ressemblent en réalité virtuelle, mais ce n’est pas la modalité avec laquelle la plupart des gens interagissent avec la Matrice tous les jours voire à chaque heure de la journée. La majorité des utilisateurs qui utilisent la RV s’en servent pour visiter des serveurs, visionner des films et vidéos ou jouer à des jeux, mais beaucoup de gens trouvent la sensation désincarnée de la réalité virtuelle trop inconfortable, voire carrément inquié- tante. La plupart des gens interagissent avec la Matrice en réalité augmentée, par le biais de leur commlink.
Un commlink est la combinaison d’un ordinateur, smartphone, lecteur multimédia, passeport, porte-monnaie, carte de crédit, navigateur matriciel, lecteur de puces, navigateur GPS, caméra numérique et console de jeu portable. Et potentiellement d’autres choses, si le vôtre est haut de gamme. Il contient déjà tous les logiciels nécessaires, mais contrairement à un cyberdeck, il n’a pas de place pour accueillir des cyberprogrammes ou autres outils de hacker.
Beaucoup de modèles sont assez petits pour tenir dans votre poche, s’attacher à votre ceinture, ou autour de votre poignet. Si la version de poche ne convient pas à votre style, on trouve d’autres modèles, tels que des accessoires de tête, lunettes, bijoux, implant crânien, boucle de ceinture, et autres accessoires.
Votre commlink est capable de faire plus que de simplement tenir dans votre poche (ou sur votre tête). Il décode les signaux matriciels autour de vous, les interprète et vous donne des informations et connaissances supplémentaires pouvant s’avé- rer utiles dans la vie de tous les jours, et vitales dans celle des Ombres. Ceci est rendu possible grâce à la réalité augmentée, ou RA. La RA superpose des informations sur les éléments du monde réel de telle façon que vous seul pouvez les percevoir.
Imaginons un instant que vous descendiez la rue du quartier commerçant du centre-ville de Seattle. Votre commlink peut sembler inactif alors qu’il est en fait plutôt occupé. Il communique régulièrement avec d’autres appareils et serveurs autour de vous, partageant les informations relatives à votre position et votre déplacement. Les autres appareils et serveurs envoient des informations en retour, vous indiquant qui d’autre est dans les parages, quels magasins sont actuellement en période de soldes, quel film passe dans quel cinéma, et ainsi de suite. Si vous regardez l’écran de votre commlink, vous avez toutes les informations en surimpression sur une image du lieu où vous vous trouvez, tel un mini affichage tête haute. Mais disons que vous vivez avec votre temps et que vous n’interagissez pas avec votre environnement simplement au travers d’un écran. Vous pourriez avoir des lunettes, lunettes de soleil, ou lentilles de contacts, ou une paire de jumelles, ou des cyberyeux, ou quoique ce soit qui fait apparaître ces informations directement dans votre champ de vision. Superposées au monde réel, des icônes apparaissent pour vous indiquer que les chaussures que vous aviez achetées l’an dernier sont maintenant à moitié prix, une ligne en pointillés vous mène jusqu’au cinéma où l’on joue la suite du spectacle tridéo que vous aviez jugé « d’enfer » et les gens marchant dans la rue sont parfois identifiées par des auras lumineuses, d’un joli bleu pour vos amis, d’un rouge criard pour vous indiquer que quelqu’un que vous connaissez et que vous devriez éviter est en train de s’approcher. Vous avez plus que votre vision naturelle, vous avez toutes les informations potentielles dans la base de données que vous portez avec vous.
Le monde civilisé s’est rapidement adapté à la réalité augmentée, principalement du fait qu’il est plus facile de l’utiliser que d’imprimer ces mêmes informations sur du papier ou encore faire des dessins. Les objets de réalité augmentée, ou ORA, sont utilisés afin de publier des informations et décorer les espaces à moindre coût. Les magasins ont leur logo exposé en 3D au-dessus de leur porte, les restaurants offrent des menus animés mettant en scène des images alléchantes de leurs plats, les noms de rue flottent au milieu de chaque intersection, les décorateurs utilisent les objets de RA pour embellir l’intérieur des maisons et immeubles, autant d’éléments perceptibles en RA par quiconque en a la capacité, c’est-à-dire à peu près tout le monde. L’effet collatéral involontaire est que ces mêmes choses peuvent paraître un peu ternes lorsque vous éteignez l’affichage RA, mais c’est le prix du progrès.
Vous n’avez pas besoin d’être un expert pour créer un ORA. Si vous voulez envoyer l’adresse de votre maison à vos amis pour qu’ils vous rejoignent depuis la fête où ils se trouvent, vous pouvez dessiner un trait sur une carte en RA et la partager avec eux. Si vous voulez isoler une personne dans la foule pour l’indiquer à un ami, vous pouvez créer un ORA mettant en lumière cette personne et l’envoyer. Vous pouvez choisir lesquels de vos ORA sont visibles par qui, et pouvez donc en garder privés ou, si vous vous sentez d’humeur maline, pouvez enregistrer des ORA vulgaires sur des tags RFID et les disperser dans toute la ville afin que tous puissent les voir. Bien sûr, les autres personnes peuvent toujours filtrer les ORA qu’ils ne désirent pas voir, tout comme vous.
La réalité augmentée n’est pas non plus faite que d’informations visuelles. Vous pouvez écouter des ORA audio si vous avez des oreillettes ou des cyberoreilles. Les ORA peuvent être tactiles si vous avez un appareil haptique comme des gants RA. Les ingénieurs sont toujours en train de travailler sur la transmission d’odeurs par des appareils RA et mieux vaut jeter un voile pudique sur les tentatives de saveurs RA. Parallèlement à cela, si vous utilisez une interface neurale directe comme des électrodes ou un implant, vous pouvez utiliser tous vos sens pour vivre la RA sans l’aide d’autres appareils.
Presque tout ce que vous gardez sur votre commlink est constitué de fichiers (y compris musicaux), votre SIN (faux ou non), permis (faux ou non, également), cartes, emails, répertoire, ORA, etc. Ces fichiers sont visibles à toute personne pouvant voir votre commlink sur la Matrice, donc la plupart des personnes gardent tous leurs fichiers dans un dossier protégé.
Donc, où stocke-t-on toutes les choses que l’on veut garder ? Les photos du mariage de votre tante Edna, les informations de votre compte en banque, votre SIN, tous les livres que vous avez achetés, tous les programmes que vous pourriez avoir envie d’exécuter, tout cela tient sur votre commlink (ou votre cyberdeck, comme vous préférez). En fait, chaque appareil dans la Matrice a un volume de stockage énorme, bien au-delà de tous les standards du début du XXIe siècle. Votre meneur de jeu peut décider qu’un appareil est trop petit ou de qualité trop médiocre, ou au contraire qu’un fichier est si lourd qu’un problème survient, mais cela reste extrêmement rare. Et quand bien même ce serait le cas, le monde entier fonctionne sans fil, donc vous ne devriez pas avoir de difficultés à trouver une solution alternative pour le stockage du fichier en question.
Votre commlink devrait être la pièce d’équipement la plus importante que vous possédez. Il vous permet de rester en contact avec le reste de votre équipe, quand bien même vous êtes dispersés sur l’ensemble de la conurb’. Vous pouvez partager les informations comme des images, des plans, et des instructions tactiques presque instantanément, et ce, même au beau milieu d’une fusillade. Il vous donne un affichage RA de votre environnement, pas seulement ce que les gens y mettent, mais aussi les ORA de vos coéquipiers, ce qui peut s’avérer utile lorsque le chaman du groupe tague le mage des forces de sécurité adverses ou qu’un drone de reconnaissance ajoute sur le plan la localisation de tous les chiens de garde qu’il est arrivé à détecter. Un bon commlink peut également protéger vos autres appareils (y compris votre arme à feu) des hackers adverses. Certains shadowrunners préfèrent s’en passer, mais la plupart s’accordent sur le fait que le commlink est au même niveau que les munitions dans la liste des équipements les plus utiles.